La santé est un des sujets principaux d’inquiétude de la population tel qu’il ressort de nombreuses enquêtes, sondages et autres études. La pandémie de covid-19 a amplifié ces inquiétudes et mis encore plus en avant un certain nombre de questions que l’on résume souvent sous le vocable de déserts médicaux. Pénurie de médecins, inégalité d’accès aux soins, crise des hôpitaux et notamment des urgences, inflation des dépassements d’honoraires, autant de sujets abordés par l’UFC Que Choisir. La question de la santé fait depuis un an l’objet d’une campagne nationale de notre association déclinée sous différents aspects à partir d’enquêtes et études. Suite à celles-ci nous sommes amenés à formuler un certain nombre de propositions à destination des pouvoirs publics. Une grande partie d’entre elles sont reprises par d’autres associations, organismes divers, parlementaires, mais leur mise en œuvre, au-delà d’une pénurie de médecins qui mettra plusieurs années à être résorbée, se heurte aux réticences des milieux médicaux, notamment des syndicats de médecins, et à la frilosité des pouvoirs publics.

Nous résumons dans ce dossier les études et propositions de notre association depuis 2022.

 

1 – Les inégalités territoriales d’accès aux soins pour les généralistes, pédiatres, ophtalmologues et gynécologues : #MaSanteNattendPas

L’éloignement géographique des médecins et les dépassements d’honoraires affaiblissent l’égalité d’accès aux soins. Notre analyse, qui combine les deux critères, compare pour chaque commune l’accès à quatre catégories de médecins en accès direct (généralistes, ophtalmologues, gynécologues et pédiatres). Le résultat est traduit sous forme d’une carte interactive que vous consulter ici avec les résultats de l’étude et sa méthodologie.

Les résultats du département de l’Hérault sont en moyenne meilleurs que la moyenne nationale (au royaume des aveugles les borgnes sont rois !) mais mettent en évidence une fracture entre les grandes agglomérations du département et la zone littorale d’une part et l’arrière-pays beaucoup plus défavorisé d’autre part.

Cette étude montre qu’une proportion alarmante des patients a difficilement accès aux consultations de praticiens libéraux, et conclut que cette situation doit cesser au plus vite. Face à l’échec criant des coûteuses mesures d’incitations passées, les pouvoirs publics doivent de toute urgence changer de logique, en régulant l’installation des médecins libéraux et en mettant fin à la fièvre des dépassements d’honoraires. C’est pourquoi l’UFC-Que Choisir demande :

  • L’instauration d’un conventionnement territorial des médecins, ne leur permettant plus de s’installer en zones sur-dotées, à l’exception du secteur 1 (tarif de la Sécurité sociale) quand la situation l’exige (remplacement d’un médecin partant à la retraite ou zone très largement sous-dotée en médecins en secteur 1) ;
  • La fermeture de l’accès au secteur 2 (à honoraires libres) à l’origine du développement incontrôlé des dépassements d’honoraires. Les nouveaux médecins ne devraient avoir le choix qu’entre un secteur 1 aux honoraires sans dépassements et l’Option de pratique tarifaire maîtrisée (OPTAM), qui encadre les dépassements d’honoraires ;
  • La suppression des aides publiques aux médecins ne respectant pas le tarif de la Sécurité sociale, hors OPTAM ;
  • L’organisation d’un système de désignation effective d’un médecin traitant à chaque usager qui en fait la demande.
 

2 – Les inégalités d’accès aux EHPAD

La fracture territoriale concerna aussi l’accès aux EHPAD à la fois quant au nombre de places disponibles mais aussi quant au coût qui doit être supporté par les résidents. C'est ce que montre l’étude réalisée par l’association : l’offre de places en EHPAD en France et son prix moyen masquent des disparités départementales considérables.

Quant au département de l’Hérault ses résultats sont en dessous des moyennes nationales (83 places pour 1000 personnes âgées contre 102, 2280 € de coût mensuel moyen contre 2214 €, 493 € d’écart moyen entre le prix des places et le niveau de vie des résidents contre 416 €. Ce résultat est en partie dû au poids trop important des EHPAD privés dans le département.

Face à ces inégalités et pour les résorber et dans un contexte où le vieillissement de la population va mécaniquement s’accompagner d’une hausse des situations de dépendance, l’UFC-Que Choisir demande :

  • Que la création de nouvelles places en EHPAD se fasse essentiellement dans les structures publiques ;
  • Que les EHPAD privés aient tous l’obligation de proposer un nombre suffisant de places éligibles à l’Aide sociale à l’hébergement ;
  • Un plafonnement des évolutions tarifaires des EHPAD privés ;
  • La mise en place d’un taux d’encadrement minimal obligatoire pour tous les établissements et de porter ces taux à la connaissance des consommateurs ;
  • Que les associations agréées en santé soient représentées au sein des Conseils de vie sociale des EHPAD, pour veiller au bien-être des résidents.

 

Par ailleurs, nous mettons à la disposition des personnes concernées pour les aider dans le choix d’un EHPAD une carte interactive des EHPAD en France librement accessible, indiquant les prix pratiqués par l’ensemble des établissements, tout en rappelant que le prix ne peut pas constituer le seul critère de choix.

 

3 - Accès aux soins en médecine hospitalière couplée à celle en médecine de ville

Suite aux résultats sur la difficulté d’accès aux soins en médecine de ville mise en évidence par l’étude ci-dessus (cf.1) et la carte interactive de la fracture sanitaire nous nous sommes intéressés à ses conséquences sur la médecine hospitalière et notamment sur l’engorgement des urgences des hôpitaux. Les malades sont invités, avant de se présenter aux urgences, à s’adresser dans un premier temps à un généraliste au risque de se voir facturer un forfait de 19,61 € si leur passage aux urgences n’est pas suivi d’une hospitalisation. Cette mesure est censée lutter contre un recours trop laxiste aux urgences alors que les patients auraient pu tout simplement consulter un généraliste. Mais le recours aux urgences n’est–il pas en fait tout simplement la conséquence d’une difficulté d’accès aux généralistes ? C’est ce que montre notre étude qui croise la fréquentation de plus de 600 établissements ayant un service d’urgences sur le territoire métropolitain d’une part, et sur la démographie de la médecine libérale dans la zone d’autre part. Cette situation est de plus appelée à se dégrader dans les années à venir compte tenu de la baisse anticipée du nombre de médecins, les départs en retraite et autres n’étant pas compensés par l’arrivée de nouveaux médecins formés.

 

Au vu de ces constats, l’UFC-Que Choisir, formule plusieurs demandes auprès du Ministère de la Santé et de celui de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche :

  • Organiser la permanence et la continuité des soins en coordonnant la médecine hospitalière et la médecine de ville, qui fonctionnent encore trop souvent en silo ;
  • Augmenter la capacité de formation en médecins des facultés, afin de permettre de répondre aux besoins de la population d’ici 10 ans ;
  • Piloter la formation pour prioriser les spécialités et les régions où la démographie médicale est la plus insuffisante par rapport à la demande de soins.
 

4 – A suivre….

D’autres études et enquêtes suivies d’autres propositions sont en cours : accès à un médecin traitant, délais de prises de rendez-vous, dépassements d’honoraires et coût des complémentaires santé, accueil de la petite enfance, etc. Elles viendront enrichir ce dossier dans les semaines et mois à venir !