Dans cette première partie du dossier « Labels et étiquettes : pour quoi faire ? », nous vous proposons de découvrir le contenu de la labélisation dans le domaine alimentaire, la production puis la commercialisation. Les labels officiels que nous vous présentons tout d’abord, sont attribués en principe par un organisme public national ou international, ou par délégation à des organismes accrédités, dans le cadre d'une procédure réglementaire impartiale et dans un but d'intérêt général.

Nous proposerons ensuite quelques-uns des labels simplement garantis par les organismes associatifs ou marchands qui les élaborent. Leur fiabilité est relative à leur provenance.

 

Nous verrons enfin comment ces labels et les produits qui les portent, sont connus, donnent confiance et incitent à l’achat. Pour cela, Que Choisir a recueilli les réponses d’un panel de 3608 abonnés à sa newsletter. Cet effectif est important et témoigne de l’intérêt de ces consommateurs pour le sujet.

 
Modes de production et de fabrication
Les Labels officiels et fiables et leurs logos

Au nombre de six, ils sont gérés par les pouvoirs publics via l’Inao (Institut national de l’origine et de la qualité, ex-Institut national des appellations d’origine). Les producteurs s’engagent à respecter des cahiers des charges contraignants et les pouvoirs publics en font la vérification sur le terrain. Les contrôles sont délégués aux services de la répression des fraudes ou à des organismes certificateurs indépendants (Ecocert, Agrocert, Certis, Agence bio…).

 

La marque AB, pour agriculture biologique, est l’une des plus exigeantes. Au moins 95 % des ingrédients sont d’origine biologique, le reste étant composé d’ingrédients non disponibles en bio en quantité suffisante (produits exotiques, certaines épices…). Le mode de production doit respecter l’environnement et le bien-être de l’animal. Pesticides, engrais chimiques et OGM sont interdits. Si ce logo ne garantit pas une meilleure qualité nutritionnelle des aliments, il atteste l’absence de produits chimiques durant leur phase de production. Les contrôles sont sévères. Le logo eurofeuille assure le respect du règlement sur l’agriculture biologique de l’Union européenne.

 

Créé en 1935 pour les vins et eaux de vie, l’appellation d’origine contrôlée (AOC) est le plus ancien des labels officiels. Il certifie une technique de fabrication et un terroir spécifique (caractéristiques géographiques, climatiques…) qui font la typicité du produit. Il implique une démarche collective des producteurs au sein d’une zone géographique délimitée. L’aspect gustatif et nutritionnel n’entre pas en ligne de compte. Apparue en 2006, l’appellation d’origine protégée (AOP) est la transcription européenne de l’AOC française. Elle respecte les mêmes exigences.

 

L’Indication géographique protégée est un label européen qui atteste le lien entre le produit et son territoire, et garantit son nom ­géographique dans toute l’Union européenne. Il est moins exigeant que l’AOP. Les ingrédients qui composent le produit peuvent ne pas provenir de l’aire géographique protégée, seule l’élaboration finale doit y être réalisée selon des conditions bien déterminées.

 

Née en 1993, la certification STG, pour Spécificité traditionnelle garantie, protège une composition ou un mode de production définis comme traditionnels (respect d’une recette originale, de techniques coutumières…). Elle ne s’intéresse pas aux ingrédients, c’est uniquement le savoir-faire mis en œuvre qui est pris en compte, non la zone géographique.

 

Créé en 1960, c’est le label le plus connu. Il certifie que le producteur adhère à un groupement qui s’impose des règles de production contraignantes, afin de procurer à son produit une qualité supérieure. Les conditions de production et les caractéristiques organoleptiques (couleur, goût…) font partie des critères évalués mais pas la qualité nutritionnelle. Le Label rouge n’est toutefois pas un gage de qualité sanitaire, notamment bactériologique. Un produit portant le Label rouge peut bénéficier en même temps d’une IGP ou d’une STG, mais pas d’une AOC ou d’une AOP. Il existe environ 500 produits sous Label rouge : volailles, charcuteries, viande, saumon, lait et même plantes (dahlias, herbes de Provence)… 

 

C’est un produit élaboré par l’agriculteur (ou sous sa responsabilité), avec des ingrédients provenant principalement de l’exploitation et selon des méthodes de production traditionnelles – excluant les techniques de production à caractère industriel. Les mentions « fermier », « produit fermier » ou « produit à la ferme » n’ont pas de définition réglementaire stricte ce qui ouvre la voie à certaines dérives. Leur utilisation (viande de volaille, œufs de poule, fromages, labels rouges et charcuterie) est encadrée par décrets et par la jurisprudence.

 

Le label HVE apparaît depuis quelques années sur des aliments et des vins. Né du Grenelle de l'environnement en 2008 et porté par les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique, il certifie des pratiques agricoles respectueuses de l'environnement. Malgré ce blanc-seing officiel, il se fait régulièrement étriller. De nombreuses associations, dont l’UFC Que Choisir, dénoncent une « illusion de transition écologique », et qualifie le label de « greenwashing massif » et de « tromperie » pour les consommateurs notamment quant à ses faibles exigences en matière de recours aux pesticides. De plus entrant en concurrence avec le label bio il va permettre à de nombreux agriculteurs de bénéficier plus facilement des nouvelles aides de la PAC (Politique Agricole Commune) pour la transition agroécologique.

 
Les Labels associatifs et leurs logos

Demeter est la marque collective des produits alimentaires, cosmétiques et textiles issus de l’agriculture biodynamique certifiée, elle regroupe plus de 7000 adhérents dans 60 pays, sur tous les continents. Seuls les domaines agricoles et entreprises déjà certifiés en agriculture biologique peuvent prétendre à la certification Demeter. Les cahiers des charges Demeter pour la production agricole (grandes cultures, élevage, maraîchage, vigne, arboriculture, etc.) et pour la transformation (panification, jus, vin, fromage, etc.) sont plus exigeants que ceux de l’agriculture biologique.

 

Bio Cohérence est une marque de certification privée, créé en 2010, en réaction à une diminution des exigences du cahier des charges du label français AB, qui s'est aligné sur le cahier des charges du label bio européen en 2009. Sur le plan de l'environnement du social agricole, le cahier des charges de Bio Cohérence est plus exigeant que celui de l'ancien cahier des charges du label AB. Il exige notamment que les produits proviennent de ferme 100 % bio, la réglementation européenne autorisant la mixité. Bio Cohérence associe des producteurs, des transformateurs et des distributeurs.

 

Pionnière du bio en France, cette fédération créée par des professionnels et des consommateurs en 1964 s’appuie sur une agriculture paysanne et locale. Contrairement aux autres labels, elle n’impose pas à ses adhérents d’obtenir la certification Agriculture biologique européenne, bien qu’environ la moitié la possède. La certification Nature et progrès est assurée par des binômes professionnels-consommateurs formés au cahier des charges. À l’instar de celui qui régit le bio européen, il bannit les pesticides et engrais chimiques mais encourage aussi la polyculture et le respect de la saisonnalité. Il prône également la relocalisation, les fermes et ateliers à taille humaine, ou encore les circuits courts.

 
Les labels et logos marketing

Élu produit de l’année, Reconnu saveur de l’année, Meilleure chaîne de magasins, Service client de l’année… certains professionnels sont prêts à dépenser beaucoup d’argent pour afficher ces logos sur leurs produits ou à l’entrée de leurs magasins, sûrs qu’ils les aideront à gagner la confiance des consommateurs. Contrairement aux labels officiels (AB, AOP, Label rouge, etc.), ces distinctions ne sont encadrées par aucun texte ni contrôlées par une quelconque instance officielle. Il s’agit d’outils marketing dont l’unique dessein est d’attirer l’œil des consommateurs.

Suivant une étude menée par l’UFC Que Choisir leur impact sur les choix des consommateurs semble heureusement limité malgré leurs affirmations. Et pour en savoir plus sur l’arrière-boutique de ces labels consultez le décryptage auquel nous nous sommes livrés !

 

Les labels « sans pesticides ». Pour répondre à la demande des consommateurs de produits sains exempts de pesticides de nombreuses marques apposent sur leurs fruits et légumes des allégations « sans résidu de pesticides » ou « cultivé sans pesticides », suggérant l’idée de préserver la santé humaine et l’environnement, le tout à un prix moins élevé que le bio. Sauf que ces bénéfices restent à démontrer, si l’on en croit les résultats d’analyses réalisées en 2018 par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Plus du tiers présentaient en réalité des résidus de pesticides à des doses significatives alors que la moitié des fruits et légumes non labellisés vendus en France ne contiennent déjà pas de résidus de pesticides quantifiables. On peut donc se poser quelques questions sur la fiabilité et la valeur ajoutée de ces labels que s’attribuent les marques.

 
Les Labels France ou régionaux

La mode est aux circuits courts, au consommer local et à la traçabilité. Ce n’est pas l’UFC Que Choisir qui s’en plaindra puisque nous nous battons depuis toujours pour que le consommateur soit informé de l’origine du produit non seulement pour les produits bruts mais aussi et c’est moins le cas pour les produits transformés. On a donc vu fleurir de nombreux labels, ceux ci-dessus n’étant que quelques exemples.

  • Les labels régionaux comme Sud de France, Le Gard militant du goût ou Fabriqué en Aveyron qui sont plutôt des marques qui jouent sur la notoriété d’un territoire. Les produits labellisés doivent obéir à des cahiers des charges plus ou moins stricts mais, hormis l’origine géographique, beaucoup moins contraignants que des labels comme le Label Rouge ou les labels bios
  • Origine France Garantie ou Viande Ovine (ou autre) française ne portent que sur l’origine du produit sur le territoire national et ne concernent en rien les pratiques agricoles associées aux produits. La certification OFG donne l'assurance que le produit est majoritairement fabriqué en France (83%) !
 
Modes de commercialisation : commerce équitable

Le commerce équitable est encadré par la loi du 31 juillet 2014 relative à l’économie sociale et solidaire. Il oblige à un prix « rémunérateur » fixé par des négociations « équilibrées » entre acheteurs et producteurs, mais aussi l’octroi par l’acheteur d’une prime dédiée à des actions de formation, d’éducation, d’amélioration des conditions de travail ou encore de protection de la biodiversité. Le terme « équitable » seul est également protégé (loi Pacte du 24 mai 2019).

À noter que pour le commerce équitable, il n’existe, ni en France ni en Europe, de label public, comme c’est le cas pour le bio avec les labels AB et Eurofeuille.

Voici une liste non exhaustive de labels privés (validés par des organismes certificateurs comme Écocert, Flocert ou Certipaq) :

  • Fairtrade Max Havelaar, le premier et le plus connu des labels (commerce Nord-Sud) agit pour un commerce équitable, respectueux des droits humains et de l'environnement ;
  • Symbole des producteurs paysans (SPP), détenu par la fédération des producteurs latino-américains (commerce Nord-Sud et Nord-Nord) L'Association française du Symbole des Producteurs Paysans France (SPP France) est une association de soutien et de promotion créée mi-mai 2015, à l'inititiative d'Ethiquable, AVSF, ARDEAR- Ferme du Monde et Biocoop, en lien avec SPP Global ;
  • BioPartenaire (commerce Nord-Sud et Nord-Nord). Le label Biopartenaire garantit une Bio équitable, exigeante et vigilante sur le respect des engagements agricoles, sociaux, commerciaux et écologiques ;
  • Agriéthique : label qui cherche à promouvoir en France un modèle économique pour garantir le revenu des agriculteurs, préserver l’emploi dans nos régions et soutenir les pratiques sociétales et environnementales éco-responsables.
 
Qualité nutritionnelle

Le Nutriscore.
Tous les labels précédents portent sur les modes de production ou de commercialisation mais ne permettent pas de connaitre la qualité nutritionnelle des produits qui va dépendre d’une part de leur apport calorique, de leur teneur en sucre, en graisses saturées, en sel, éléments défavorables d’un point de vue nutritionnel et d’autre part d’éléments favorables comme la teneur en fruits, légumes, légumineuses (dont les légumes secs), oléagineux, en fibres et en protéines. Cette information est normalement accessible sur l’emballage des produits mais difficilement assimilable d’un point de vue nutritionnel par les consommateurs. Après de longs débats, notamment avec les industriels de l’agro-alimentaire et de nombreuses études scientifiques, le Nutriscore avec son échelle de cinq niveaux et cinq couleurs est en train de s’imposer sans pour l’instant être obligatoire. Plusieurs pays de l’UE l’ont adopté ainsi que de nombreux industriels. Le rendre obligatoire pour toute l’UE est en cours de discussion mais se heurte à la résistance de certains pays (Italie notamment) et de nombreux industriels, y compris récemment de certaines filières dont les produits bénéficient de labels de qualité (AOP, IGP, Label Rouge…).

 

Quel Produit.
Décrypter la composition des produits que vous achetez et vérifier l’innocuité de leurs différents ingrédients est devenu beaucoup plus simple avec des applications sur smartphones qui scannent le code barre du produit. Après le succès de QuelCosmétic pour les produits cosmétiques L’UFC Que Choisir vient de lancer l’application gratuite QuelProduit. Elle vous permettra de faire vos courses en toute connaissance de cause, en scannant les produits sur votre smartphone avant de les acheter. Vous obtiendrez le Nutriscore du produit, la liste des ingrédients, la liste des additifs et des précisions sur ceux-ci notamment leur nocivité. L’application vous donne aussi une note santé avec cinq niveaux de risque progressifs et enfin vous propose des produits alternatifs mieux notés.

 
 Pour mieux décrypter : la boussole des labels

Si vous voulez en savoir plus sur les labels, leurs cahiers des charges respectifs et leurs degrés d’exigence, trois ONG (FAIR [e] un monde équitable, ActionAid France et Bio Consom’acteurs) se sont attelées à faire le tri dans la jungle des labels en analysant 18 d’entre eux, pour proposer un guide téléchargeable gratuitement très instructif.

 
Connaissance, confiance et déterminant à l’achat des labels

Tous ces labels sont-ils connus des consommateurs et ont-ils une influence sur leur achat ? Pour en savoir plus Que Choisir a lancé une enquête auprès des abonnés à sa lettre électronique hebdomadaire et à son site quechoisir.org. Résultats !

Des labels plutôt bien repérés…  

Les lecteurs de la newsletter de Que Choisir sont des consommateurs avisés. Globalement, ils connaissent, au moins de visu, les logos des 13 labels alimentaires retenus pour cette enquête. Seules la Spécialité traditionnelle garantie (STG) et la marque privée Bleu-Blanc-Cœur pâtissent d’une très faible notoriété. Il est vrai que la STG est quasiment inconnue du grand public. Ce label protège les dénominations de produits typiques et à caractère traditionnel mais qui ne présentent pas (ou plus) de lien avec leur origine géographique. À l’étranger, plusieurs produits en bénéficient, tels que la mozzarella, le jambon serrano, ou certaines bières belges. En France, la STG ne concerne pour l’instant que les moules de bouchot. Bleu-Blanc-Cœur s’affiche plus fréquemment dans les linéaires. Son objectif ? Améliorer la teneur en oméga 3 de notre alimentation, l’enrichissement se faisant par le biais de l’alimentation animale et le retour à des cultures végétales réputées vertueuses pour l’environnement, telles que l’herbe, le lin, la luzerne ou la féverolle.

… Mais leur signification pas toujours bien connue

Si la plupart des sigles sont familiers à ces lecteurs, cela ne signifie pas pour autant qu’ils en connaissent la signification. À la question « connaissez-vous la signification de ces labels ? », le Label rouge et le label AB arrivent très nettement en tête, avec respectivement 85 % et 77 % de réponses positives. Un cran en dessous, l’Appellation d’origine contrôlée (AOC) n’obtient que 58 % des suffrages. Curieusement, l’Appellation d’origine protégée (AOP) est encore plus mystérieuse pour nos lecteurs (41 % de réponses positives) alors qu’elle est la version européenne de l’AOC française, les règles d’élaboration inscrites dans le cahier des charges de toute AOC devant dorénavant être validées par Bruxelles.

Les promesses de L’AOC sont les plus mal comprises

À la question « selon vous, quels labels garantissent une production respectueuse de l’environnement (sans usage de pesticides, ni d’OGM) ? », 87 % des répondants à notre questionnaire placent en tête le label AB. Et à la question « selon vous, quels labels garantissent un produit de qualité supérieure ? », 79 % de nos lecteurs privilégient le Label rouge. En revanche, seulement un répondant sur deux voit dans l’AOC/AOP le gage d’un produit issu d’une zone géographique précise et d’un savoir-faire reconnu.

La confiance va surtout au bio et au label rouge…

Le degré de confiance accordé aux labels est en relation directe avec leur caractère officiel ou supposé tel. Ainsi, le Label rouge et AB, et, à un moindre de degré, Viandes de France ainsi que l’AOC, sont jugés les plus fiables. À l’inverse, nos lecteurs ne sont pas dupes des labels purement commerciaux du type Élu produit de l’année ou Saveurs de l’année. Les appellations européennes, AOP et IGP, occupent une position médiane sur cette échelle de confiance, sans doute parce que bon nombre de répondants à notre questionnaire pensent, à tort, que ce ne sont pas des labels officiels.

… Et ils incitent davantage à l’achat

Plus on fait confiance à un label, plus on met facilement la main au porte-monnaie. Pas étonnant, dans ces conditions, que l’Appellation d’origine (AOC/AOP) incite beaucoup moins à l’achat que le bio et le Label rouge, ou même l’estampille « Viandes de France ». Sans surprise, les labels privés (Élu produit de l’année, Saveurs de l’année) se retrouvent en queue de peloton.