Dans un avis paru en mai 2016 le Conseil Economique social et environnemental notait que : « même s’ils demeurent minoritaires(…) par rapport aux circuits classiques que sont la grande distribution et les commerces alimentaires spécialisés, ces nouveaux modes de commercialisation connaissent une progression relative et un engouement incontestable ». Un engouement partagé en premier par les agriculteurs eux-mêmes de plus en plus nombreux à couper le cordon avec les circuits de vente classique pour se rapprocher du consommateur et obtenir une meilleure valorisation de leur production  vu la tension grandissante entre les producteurs et la grande distribution. En 2017, le dernier rapport de l’Observatoire de la formation des prix et des marges (organisme sous la tutelle du ministère de l’Agriculture) constatait que la guerre des prix a entraîné une diminution globale des marges, devenues négatives pour les producteurs. D’où leur volonté de réduire les intermédiaires, afin d’augmenter leur marge mais aussi de créer du lien avec le consommateur. Quand à ce dernier il est en recherche de plus de transparence et de relation directe avec la personne responsable de la qualité de ce qu’il consomme.
 
Qu’entend-on par circuit court ?

Un circuit de vente qui comporte au plus un intermédiaire entre le producteur et le consommateur sans que la distance parcourue ne soit forcément pas prise en compte. Qui dit court ne dit pas forcément local mais dans bien des cas le « localisme » est présent.

 
Quelles formes peuvent prendre les circuits courts. Elles ont multiples :

  • Les ventes sur les marchés ou sur les bords de route… sans qu’il soit toujours facile d’identifier ce qui est de la vente par un producteur ou de la revente de produits achetés le plus souvent chez des grossistes. Dans la région de Montpellier le marché de Grabels se positionne comme un marché qui promeut les circuits courts en appliquant une  charte « Ici-C-local » (établie avec l’INRA)  avec un système d’étiquetage qui permet facilement d’identifier l’origine des produits, leur caractère local ou non et celui producteur ou non du vendeur.
  • Les magasins de producteurs ou plusieurs producteurs se regroupent pour mettre en vente leurs productions et assurent eux-mêmes, avec l’aide de salariés éventuels, la vente. Le site « magasins-de-producteurs.fr » recense à ce jour 353 vrais magasins de producteurs dont 13 dans l’Hérault et 56 en Occitanie, notre région étant particulièrement bien dotée.
  • Des magasins qui se fournissent directement chez les producteurs en rajoutant ou non un critère de localisme. Autour de Montpellier deux magasins peuvent être rattachés à ce modèle : Locavorium à Saint Jean de Vedas (tous leurs producteurs sont à moins de 150 km de Montpellier) et Place du Marché au Crès (le critère local et circuit court est moins strict).
  • Les AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) sont basées sur un autre modèle : un contrat entre consommateur et producteur, ce dernier fournissant à ses adhérents des paniers prépayés à un prix convenu à l’avance et dont le contenu varie en fonction des productions du moment. On compte aujourd’hui près de 2000 Amap en France dont 14 dans l’Hérault.
  • La vente à la ferme directement chez le producteur, qui peut parfois vous permettre de cueillir vous-même fruits et légumes. Si on y inclut les domaines viticoles l’Hérault est particulièrement bien fourni puisque le site « acheter à la source » recense plusieurs centaines de producteurs. Certains adhérent au réseau « Bienvenue à la ferme ».
  • Il faudrait enfin rajouter à cette liste des formules différentes comme « La ruche qui dit oui »  (réseau de consommateurs qui se regroupent pour acheter auprès de producteurs : 27 dans l’Hérault ! ) ou les « drives fermiers ».
 

Résultats de notre enquête

Dans l’Hérault et dans notre région vous avez donc largement le choix si vous voulez vous fournir directement auprès de producteurs et notamment de producteurs locaux. Si le producteur semble y retrouver son compte en récupérant une partie de la valeur ajoutée qui revient sinon au réseau de distribution (grossistes et distributeurs), qu’en est-il du consommateur ?

Il est déjà normalement gagnant en termes de transparence et de traçabilité des produits, de qualité grâce au lien direct avec les producteurs. S’y rajoute bien souvent des pratiques agricoles justifiant un label bio (label AB) ou s’en rapprochant. Et les prix ? C’est  à cette question qu’a essayé (en partie) de répondre une de nos dernières enquêtes.

Entre le 30 septembre et le 14 octobre 2017, au niveau national les enquêteurs de l’UFC-Que Choisir ont visité 324 magasins de producteurs et 101 primeurs implantés dans 76 départements. Localement notre association a enquêté auprès de 10 magasins de producteurs et 3 primeurs. Ils y ont notamment relevé les prix de deux paniers de 15 fruits et légumes de saison, l’un en agriculture conventionnelle et l’autre en agriculture biologique. En parallèle de ces visites, l’UFC-Que Choisir a réalisé, du 9 au 25 août 2017, des relevés de prix en grande distribution (sur les mêmes paniers types) via les sites drives des enseignes. À cette occasion, 2 278 grandes surfaces alimentaires ont été enquêtées.

Au niveau national les résultats pour un panier type sont les suivants :

Les circuits courts sont globalement compétitifs puisqu’ils s’avèrent moins chers que la grande distribution ou des primeurs, notamment pour un panier bio. On retrouve ici le résultat d’une autre de nos enquêtes sur le prix du bio qui mettait en évidence les sur-marges de la grande distribution sur les fruits et légumes bios.

Par contre la disponibilité des produits est généralement limitée dans ces magasins.  Nous avions sélectionné 15 fruits et légumes de saison pour composer notre panier. Au niveau national seuls 45% des magasins disposaient de tous ces produits en conventionnel (76% dans la grande distribution et 40% dans les primeurs) et seulement 16% en bios. Localement parmi les 10 magasins de producteurs enquêtés aucun ne disposait de l’ensemble des produits. Pour ceux les plus représentés la gamme de prix observés est très variable. Exemples : 1kg de carottes de 1,25 € à 3,10 €, 1kg de pommes de terre de 1,30 € à 2,50 € , 1 kg de potimarron de 2 € à 3 €. Deux magasins se détachent avec des  prix généralement moins élevés « Au Gré des Saisons » à Ganges et « Croquez du frais » à Jacou. Fréquenter les magasins de producteurs est donc une bonne chose et un geste militant vis-à-vis des producteurs locaux mais ne doit pas vous empêcher de rester vigilants sur les prix pratiqués !

Magasins de producteurs enquêtés : 

Sentiers de Cévennes  28 rue Paul Brousse 34000 Montpellier
Ô Champs Domaine des Agriolles 34150 La Boissière
Au gré des Saisons   Avenue du Mont Aigoual   34190 Ganges
Paysans producteurs Place Marcel Gontier 34800 Clermont l'Hérault
Paysans du Coin 1870 boulevard de la Liberté 34830 Clapiers  
Comptoir Paysans d'Oc Rue Montels l'Eglise 34970 Lattes
Lou Païsan Bio Cc Forum 34980 St Gely du Fesc
Croquez du Frais Route d’Assas D109   34820 Teyran
Locavorium 60 Rue Pierre et Marie Curie 34430 Saint-Jean-de-Védas
Escale locale Zone Cosmo Avenue Pierre Mendes France 34150 Gignac